NOTRE - DAME du BON SECOURS d’ARCEAU
L’église d’Arceau est très ancienne et est citée en 860, date à laquelle elle est dédiée à Saint Pierre. Sa construction comprend plusieurs périodes.
Aujourd’hui, elle est constituée d’une nef principale flanquée de deux chapelles latérales.
La Vierge à l’enfant , sous le vocable de Notre Dame du Bon Secours est visible dans la chapelle de gauche, chapelle Saint Anne, fermée par une grille.
Cette statue en chêne du XIIIème(h :60 cm) date de 1227 très exactement. C’est une vierge à l’Enfant en majesté, tenant sur ses genoux l’enfant Jésus (h :0,20m). Elle est assise sur un siège. Elle a été classée le 5 novembre 1923 .
Elle porte sur la partie gauche du visage une balafre du menton au front. Etant évidée ,le revers est obturé par une planchette clouée portant l’inscription : CETTE SAINCTE YMAYJE A ETE FAICTE EN 1227/CETTE YMAYJE A ETE RAcommodeE PAR LES URSULINES DE DIJON EN 1704 ;
Elle possède de riches habits, et deux couronnes en argent.
Cette statue, provient de la chapelle éponyme où s’élevait une modeste ferme qui porte le nom de « Ferme de la Chapelle » dépendant de l’ancien Hôpital d’Arceau.
« La société rurale traditionnelle d’antan, constituée pendant la période médiévale, est porteuse d’un mode de pensée et d’un légendaire auxquels les Vierges Noires appartiennent au même titre que le culte adressé aux saints protecteurs et aux fontaines » (Cassagnes-Brouquet)
Notre-Dame d’ Arceau a toutes les caractéristiques des Vierges Noires.
Certes les Vierges Noires ne sont pas tout à fait des effigies comme les autres. Elles s’accompagnent d’une aura de légendes qui leur confère un caractère particulier, une force spécifique. « Dans huit cas sur dix, c’est un bovidé qui est à l’origine de la découverte d’une Vierge Noire »
Dans la Chrétienté d’Occident, la Vierge Noire est par essence une statue en ronde bosse, le plus souvent taillée dans le bois.
Si on trouve dans le Massif Central, un nombre important de ces Vierges, elles sont également présentes dans d’autres régions de France, dans la vallée de la Saône et également en Bourgogne. A Dijon, Notre –Dame du Bon Espoir attirait au Moyen –Age une foule de pèlerins. Il existait de nombreuses Vierges Noires vénérées dans des sanctuaires de campagne comme Arceau, Domois, Velars-sur-Ouche,….
L’origine de la Vierge d’Arceau a une histoire particulière.
Au 13ième siècle, un pâtre gardait son troupeau dans un pré à proximité du village. Il remarqua qu’un de ses bœufs s’éloignait chaque jour et se rendait toujours au même endroit afin de brouter une magnifique touffe d’herbe qui chaque matin avait repoussé.
Etant intrigué par le phénomène, le pâtre décide de creuser à cet endroit. Il découvre enfouie dans le sol , la statue en bois de cette vierge. Avec sa bêche il endommage le visage. « On la relève et on la transporte triomphalement à l’église du village. Dédaignant ce sanctuaire la Vierge reprend, pendant la nuit, le chemin de la prairie. On l’emporte de nouveau. De nouveau elle revient sur les bords de la fontaine qui avait jailli à l’endroit même où on l’avait découverte. On finit par construire une chapelle destinée à l’abriter. » ( J. Deguin ) .
« A l’emplacement de cette découverte, le curé d’Arceau , Claude Mailly, décide en 1207 de fonder un hôpital pour les lépreux, placé sous la protection de N. D . du Bon Secours et édifie une chapelle pour y placer la statue. L’évêque de Langres, en 1215, confirme cette création et Nicolas de Mailly, seigneur d’Arcelot, fait don du terrain à son frère Claude qui le réunit à la cure en 1224. » (Julette Vignier)
Longtemps desservi par les frères hospitaliers dont le curé était recteur, cet hôpital en ruines à la fin du 18ème s. sera démoli en 1792. Le 17 octobre 1792, la chapelle de Bon Secours est vendue comme bien national avec les deux bâtiments et le domaine de l’hôpital.
La statue de la Vierge est l’objet d’une grande vénération dès le XIIIème s. avec l’organisation de pèlerinages. A la Révolution la statue disparaît et pendant tout le XIXième .s, « les détenteurs de la statue l’emmènent dans leur ferme. Durant tout le siècle, elle fait partie de l’héritage familial et change de lieux au gré des mariages. …Dans les années 1880, le curé de la paroisse tente en vain de se faire céder la statue : « Je tiens à ma statue, après ma mort je la léguerai à l’église. Mais voyez-vous elle est depuis un siècle dans ma famille, je ne me sens pas le courage de m’en séparer. » Cette appropriation répond donc à des critères affectifs et également de droit (vente des biens du clergé).(Sylvain MILBACH)
« Par un testament en date du 3 novembre 1894, Madame Anne Voiret fait un legs à la fabrique d’Arceau, d’une statue de Notre – Dame de Bon Secours, très vénérée avant la révolution non seulement dans le village d’Arceau, mais encore dans toute la contrée, à la condition expresse que la fabrique fasse célébrer trois messes basses par an et à perpétuité, pour les défunts de la famille Guilleminot-Voiret. »
La statue de la Vierge retrouve alors sa place dans l’église le lundi de Pentecôte 1897.Son antique pèlerinage est rétabli le 17août 1911. Dès 1912 la date sera fixée au lundi de Pentecôte menant les pèlerins de l’église à la ferme de la chapelle.
Les nombreux ex-votos dans l’église témoignent de la reconnaissance de prières exaucées. Parmi ceux-ci j’en retiendrai deux. Celui de Monseigneur Louis Parisot, natif de Brognon contenant sa médaille militaire(actuellement disparue), atteste d’un remerciement pour avoir retrouvé la vue, grâce à l’eau du puits de l’ancienne chapelle où fut retrouvée la Vierge. Sur un autre ex-voto en marbre blanc est gravé le texte suivant : « LE 13 SEPTEMBRE 1914 LES HABITANTS D’ ARCEAU FIRENT VOEU, S’ ILS ETAIENT PRESERVES DE L’ INVASION ALLEMANDE DE RECONSTRUIRE LA CHAPELLE DE NOTRE DAME DE BON SECOURS BATIE AU DEBUT DU XIIIe SIECLE ET DETRUITE EN 1792 . »
A la suite de ce vœu formulé en 1914 une chapelle est reconstruite comme l’atteste la plaque de marbre gravée dans la nouvelle chapelle : Cette chapelle votive, édifiée grâce aux généreuses souscriptions des habitants, d’Arceau, Saint-Julien, Brognon, et des pays environnants, sur le terrain donné par la famille de LOISY, et sur l’emplacement du sanctuaire détruit en 1792, a été bénite le 5 juin 1922.
En 1991, l’Abbé Michel Roblot et le Père Pierre Salvert, remettent à l’honneur le pèlerinage avec les enfants qui ont fait leur profession de Foi le jour de la Pentecôte. Ils participent à la procession avec leurs familles.
C’est le Père Jean Cadet (1994 -2000) qui déplace ce pèlerinage le 15 août.
Ruffey, le 30 mai 2020
Bernard RAJADE